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- Mon Dieu, comme elle nous manque ces jours-ci, l'Union soviétique ! Et le camp socialiste ! Et le mur de Berlin !
L'autre. - Chut ! Pas ici. C'est parler de corde dans la maison d'un pendu. J'ai peine à croire que vous soupirez pour de vrai après cette prison des peuples. D'ailleurs, je vois que vous souriez.
L'un. - Rien n'arrête les [url=http://www.materialistanyces.com]louboutin pas cher[/url] ?tats-Unis, dites-vous, et vous le déplorez. N'est-ce pas regretter le jumeau qui partout leur tenait tête ?
L'autre. - Il est aujourd'hui bien d'autres facteurs qui limitent la puissance américaine.
L'un. - Et lesquels, [url=http://www.eastscotinvest.co.uk/mulberry.html]mulberry outlet[/url] je vous prie ?
L'autre. - Il y a le peuple irakien qui ne se laisse pas faire. Il y a la mobilisation de tout l'islam, l'indignation des ?glises, la protestation universelle contre une guerre injuste. Certains comptent sur l'Europe pour être un jour ce jumeau qui manque à l'ordre du monde. Il y a surtout les contradictions innombrables où vont infailliblement s'empêtrer nos nouveaux colonialistes. Si le monde n'est plus bipolaire, il est trop vaste pour être longtemps unipolaire.
L'un. - Oui, oui, c'est l'air dont on nous ber?ait il y a dix ans, quand l'URSS disparut à la sauvette. Le Japon, disait-on même, dominerait l'économie de la planète en lieu et place des ?tats-Unis. Et le premier Bush comme Clinton furent de si parfaits gentlemen que l'on put croire en effet que le monde serait multipolaire.
L'autre. - C'est bien la tendance de fond. Le second Bush est une aberration, une parenthèse, un bégaiement de l'histoire. La guerre en Irak résulte de la rencontre aléatoire d'un tempérament texan avec la conjuration des " néoconservateurs ". T?t ou tard, tout rentrera dans l'ordre.
L'un. - Cet ordre, c'était le concert des puissances qu'entretenaient jadis les Brejnev, Kissinger, Casaroli. Mais souvenez-vous que déjà Reagan le rompit, à la stupéfaction générale. Son idée, jugée délirante, de " guerre des étoiles " inaugura une course aux armements qui eut raison d'un système socialiste qui paraissait devoir durer toujours. Eh bien, le second Bush, c'est Reagan bis, et [url=http://www.rtnagel.com/airjordan.php]jordan pas cher[/url] vous n'avez pas fini d'être surpris, car Washington pense désormais " out of the box ".
L'autre. - C'est-à-dire ?
L'un. - Hors du cadre mental congelé durant cette guerre froide qui fut si longue. Un ancien directeur de la CIA l'appelle la troisième guerre mondiale. La quatrième a maintenant commencé, dit-il, et par un nouveau Pearl Harbour, [url=http://www.bankonco.com/hollister.php]hollister[/url] à savoir le 11 septembre.
L'autre. - Oui, c'est la guerre contre le terrorisme. [url=http://www.davidhabchy.com]barbour sale[/url] Les ?tats-Unis ne [url=http://www.getconversational.com]hollister france[/url] sont pas les seuls à la mener. Mais l'Irak n'y est pour rien, et là ils sont seuls.
L'un. - La guerre contre le terrorisme ? L'Irak, la menace de ses armes, la démocratie à y promouvoir ? L'essentiel est que l'Amérique a débarqué en terre d'islam, qu'elle n'en partira pas, que demain, c'est-à-dire tout de suite, elle installera des bases militaires nucléaires au cour du Moyen-Orient. L'équilibre géopolitique [url=http://www.sandvikfw.net/shopuk.php]hollister outlet sale[/url] du monde en sera bouleversé.
L'autre. - C'est [url=http://www.1855sacramento.com/woolrich.php]woolrich parka[/url] trop d'imagination. Dans deux ans, Bush sera-t-il encore au pouvoir ?
L'un. - Depuis combien de temps les ?tats-Unis sont-ils à Guantanamo et à Okinawa ? L'Irak, ce [url=http://www.davidhabchy.com]barbour outlet[/url] n'est qu'un début, le combat [url=http://www.bankonco.com/hollister.php]hollister france[/url] continue.
L'autre. - Les ?tats-Unis n'iront pas plus loin, ils n'envahiront ni la Syrie, ni l'Iran, Colin Powell vient de le déclarer.
L'un. - Nous en sommes donc là. Si cette phrase vous rassure, c'est très bien.
L'autre. - Ce sera une aventure militaire sans lendemain. Auront-ils même de quoi la payer ? Et [url=http://www.mansmanifesto.com]doudoune moncler homme[/url] comment voulez-vous qu'une démocratie établisse un empire quand ses troupes ne peuvent plus faire un pas sans que les caméras ne [url=http://www.materialistanyces.com]louboutin[/url] transmettent à l'univers des images à faire pleurer Margot ?
L'un. - Sensiblerie, douilletterie, " humanitairerie " n'empêcheront rien. Le réveil sera dur pour des Européens qui n'avaient d'autre horizon que le statu quo éternel à quelques détails près, et voyaient déjà s'esquisser un gouvernement mondial béni par les plus hautes autorités spirituelles. Les Chinois ne sont-ils pas plus lucides d'admettre que quelques décennies d'hégémonie américaine sans partage sont devant nous ? Et un état de guerre semi-permanent ?
L'autre. - Les Lilliputiens n'ont-ils pas réussi à ficeler Gulliver ?
(*) Psychanalyste. Dernier ouvrage paru Un début dans la vie, Gallimard, 2002, 16,50 euros.

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Une surface tissée de zones de différents bleus, gris et blancs nuageux est séparée par une ligne courbe d'une surface uniformément bleu azur, que l'on interprète aussit?t comme un ciel. Des lignes noires légères dessinent les arêtes d'une sorte de cage oblique et transparente qui s'élève au centre. A l'arête supérieure est comme attachée une forme grise, tachée [link widoczny dla zalogowanych] de pourpre, avec une sorte de rostre qui pointe vers le bas, comme la flèche jaune inexplicable qui lui est parallèle.
Sa décision a une autre raison : outre le Bacon, cinq autres ?uvres de la même collection seront dispersées, trois Miro et deux Giacometti. Elles appartenaient toutes au poète, critique et galeriste , mort en 2012.
Une collection de connaisseur
Jacques Dupin est aussi l'auteur d'essais et d'articles sur les artistes avec lesquels il a longuement travaillé, sur Giacometti et, plus encore, sur Miro. Son ouvrage, publié par Flammarion en 1993 et plusieurs fois réédité depuis, demeure la principale monographie consacrée à l'artiste, dont elle envisage tous les aspects de l'?uvre et toutes les époques.
Painting March 1985 est ainsi l'une de ces peintures de la fin de la vie de Bacon – il meurt en 1992, sept ans plus tard – dans lesquelles il récapitule et renouvelle à la [link widoczny dla zalogowanych] fois ses obsessions les plus constantes et les plus troublantes.
En 1987, Jacques Dupin consacre à la toile un long [link widoczny dla zalogowanych] commentaire. Il y voit "la confrontation d'un monstre avec la mer (...) car dessous, cette masse en expansion, verd?tre et tachetée de blanc et de rose, cette immobilité miroitante qui déborde sur les bandes de toile intouchées, c'est la mer." Peut-être. Ou non.
Jusqu'en 1981, il est à la fois l'interlocuteur des créateurs – Calder, Miro, Giacometti, Tapiès et bien d'autres – et celui des spécialistes de l'eau-forte, de l'aquatinte ou de la lithographie. Il est aussi le fondateur de la revue L'Ephémère, toujours chez Maeght. En 1981, à la mort d'Aimé Maeght, il devient, avec et Jean Frémon, l'un des trois directeurs de la galerie, qui s'appelle d'abord Maeght-Lelong, puis, à de 1987, Lelong.
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En faveur [link widoczny dla zalogowanych] de son interprétation, il y a le premier de l'?uvre, que l'on déchiffre encore au dos, Study for a Wave, 1983. Bacon a donc, en effet, pensé à la mer. Mais il a repris l'?uvre par la suite. Si vague il y avait, il n'en reste qu'un peu d'écume léchant la bande droite non peinte. Mais, dans l'état actuel, on dirait une surface dure, presque glacée. Quant à la créature, est-elle "la bête fantasmatique, spectral perdant son sang par un orifice qui ne serait ni bouche ni plaie" que fait Dupin ?
1985, qui sera vendue chez Christie's, à Paris le [link widoczny dla zalogowanych] 4 juin, est une ?uvre exceptionnelle de . Aussi le secret avait-il été gardé jusqu'à maintenant par la maison de vente, qui sait non seulement que la toile sera [link widoczny dla zalogowanych] la pièce majeure de ses ventes parisiennes du printemps, mais aussi qu'elle est susceptible d' des convoitises partout dans le monde. Pour les un peu plus, Painting March 1985 sera présentée à Londres en avril et à en mai. Mais elle n'y sera pas vendue. "?tant donné son histoire, parce qu'elle vient d'une collection fran?aise, parce que Bacon était souvent à Paris, il nous a paru plus légitime qu'elle soit vendue ici", explique Fran?ois de Ricqlès, président de Christie's France.
Un bronze et une toile de Giacometti
Pour le privilège de s' chaque jour devant elle, il en co?tera, estiment aujourd'hui les experts de Christie's, entre 4 et 6 millions [link widoczny dla zalogowanych] d'euros. Mais [link widoczny dla zalogowanych] il ne serait pas surprenant que le droit à la contemplation exige, le 4 juin, une dépense beaucoup plus considérable.
Trois Miro figureront donc [link widoczny dla zalogowanych] dans la vente, trois très bons Miro – mais en existe-t-il de mauvais ? – de la fin de la vie de l'artiste. Celui qui attire le premier le regard par ses bleus et ses noirs a été peint, en 1970, sur un grand sac plastique qui contenait sans doute du pl?tre ou du ciment. Miro l'a découpé assez sauvagement et s'est servi des signes roses imprimés sur le plastique pour en le fond d'un visage, féminin à en d'après le sexe vert et rouge qui est suspendu au de la composition. Dupin en décrivait, en 2001, l'"énorme tête ovale aux yeux hallucinés, une tête qui concentre et communique une intense énergie et mentale". Il est estimé entre 500 000 euros et 700 000 euros.
Dans d'autres circonstances, on n'aurait d'yeux que pour elle. Mais rien ne résiste à la force d'attraction du Bacon. Il est grand – 198 cm de haut, 148 cm de large. Il est en parfait état. Mais il est surtout d'une intensité et d'une étrangeté qui, même dans l'?uvre elle-même intense et étrange de Bacon, sont exceptionnelles.
Des deux Giacometti, l'un est un petit bronze de Femme debout, épreuve posthume d'un modelage de 1947 (400 000 euros – 600 000 euros). Ici, c'est la date qui importe. En 1947, Giacometti n'en est qu'au début de ses figures féminines étirées à l'extrême, devenues, en 1956, les hautes et maigres . L'autre est une peinture de 1958, Tête noire, dont on suppose qu'elle a commencé par être un portrait de son frère Diego avant de l'essentiel de ses traits et de à l'état de boule cabossée, aveugle, seulement creusée d'une bouche et enserrée dans une auréole de gris métallique. Exposée au , plusieurs fois reproduite, Tête noire est estimée entre 1,8 million d'euros et 2,5 millions d'euros.
Les deux autres – entre 200 000 euros et 300 000 euros – sont de très grands dessins à l'encre et au crayon gras sur des papiers préalablement éclaboussés de taches de lavis ou d'aquarelle. Dans Femme, oiseaux, [link widoczny dla zalogowanych] du 2 ao?t 1975, il est clair que Miro a en tête les peintures rupestres de la préhistoire, qu'il a souvent regardées. Créatures volantes ou marines, ailes ou tentacules, il fait appara?tre un bestiaire indéfinissable.
Ainsi en revient-on à la collection que [link widoczny dla zalogowanych] Jacques Dupin a réunie, qui n'est [link widoczny dla zalogowanych] pas celle d'un collectionneur au sens habituel du mot – un amateur plut?t fortuné d'ordinaire –, mais celle d'un connaisseur, d'un analyste et d'un ami, qui savait aussi être un éditeur et un marchand, conjonction de talents qui s'observe rarement.
Ce qui est certain, c'est qu'elle habite l'?uvre de Bacon depuis 1944, depuis ses fabuleuses Trois études de figures au pied d'une crucifixion, premier chef-d'?uvre du peintre. On la retrouve sans cesse par la suite, aussi souvent que la cage métallique. Elle monte sur la Croix. Elle r?de dans les abattoirs et les boucheries, animale et humaine, f?tale et cadavérique. En 1985, encore une fois, elle revient, "familière" comme le note Dupin.
Trajectoire remarquable que celle de cet homme discret. Il na?t en 1927 à Privas (Ardèche) et passe sa première enfance dans l'asile psychiatrique dont son père est le directeur. A la Libération, il vient à Paris pour y étudier le droit. Il y découvre Picasso, le surréalisme et Kafka. En 1947, il rencontre René Char et lui montre ses essais [link widoczny dla zalogowanych] poétiques. Trois ans plus tard, Char préface son premier recueil, Cendrier du voyage. [link widoczny dla zalogowanych] Entre-temps, Dupin [link widoczny dla zalogowanych] est entré aux Cahiers d'art, où il s'initie auprès de tout à la fois au métier d'éditeur et à la fréquentation – parfois épineuse – des plus grands artistes. Il met ensuite ses compétences au service de la galerie Maeght, chargé de l'un des secteurs les plus actifs de la galerie, les éditions de gravures.
Mais ce n'est pas tant cette réussite qui retient l'attention qu'un fait bien plus rare : tout en s'acquittant de ses travaux, Dupin ne renonce à aucun moment à sa vocation poétique. De L'?pervier chez GLM en 1960, L'Embrasure chez Gallimard en 1969 et Dehors chez le même éditeur en 1975 aux ouvrages publiés par dans les années 1980 et au Grésil chez POL en 1996 et au Coudrier, chez POL encore, en 2006, le poète Dupin compose une ?uvre qui, si elle n'est pas devenue plus publique que celles de ou de – destin de la poésie moderne dirait-on –, en serait tout aussi digne. On comprendrait mal sinon qu'il ait eu pour traducteur et, parmi ceux qui ont écrit sur son art poétique, ou d'autres poètes, tels qu' ou André du Bouchet.